Promenade nocturne [pv' Alexandre]

Il faisait nuit. La lune était pleine et Jennifer l’observait tranquillement accoudée à la fenêtre ouverte de son appartement. La jeune femme ferma les yeux. Elle se sentait bien. Elle referma la fenêtre et se retourna. Après une légère hésitation elle sorti. Arrivée dans la rue, Jennifer frissonna. La nuit était douce mais pas assez pour se promener en T-shirt. Tant pis, elle n’avait pas le courage de remonter dans son appartement pour chercher sa veste. Elle s’habituerait à la fraicheur de la nuit. La jeune femme se mit en marche tranquillement. Elle ne savait pas trop où elle souhaitait aller. Ses pas la guideraient. Jennifer se dirigeait vers la sortie du village. Village ? Jennifer avait été plus d’une fois intriguée par ce mot. Avec son stade, ses boutiques, son cinéma, ses appartements et son centre commercial, était-ce vraiment un village ? Elle se promit de se renseigner sur la question le plus vite possible. C’était idiot de se sentir perturbé juste pour ça. Elle en avait conscience. Mais, après tout, personne n’avait à lui faire de réflexion ! Le premier qui osera aura droit à une bonne droite !
Plongée dans ses réflexions, la jeune femme ne remarqua pas tout de suite qu’elle était presque sortie du village, ou de la ville. Elle était arrivée près du stade et du skate park. Elle s’arrêta. Elle ne voulait pas aller plus loin. Pas ce soir. Jennifer regarda autour d’elle. Elle se dirigea ensuite vers le skate park. Il n’était plus éclairé à cette heure. Seule la pleine lune l’illuminait d’une faible lumière. Jennifer s’avança et alla s’assoir dans un coin sombre aux abords du skate park. Dans l’herbe. Elle était fraîche et légèrement humide. Jennifer frissonna une nouvelle fois. Une légère bise soufflait de temps à autres. La jeune femme s’allongea dans l’herbe. L’humidité de celle-ci lui donna la chair de poule. Jennifer regarda au dessus d’elle. Le ciel. Les étoiles. L’immensité. Elle avait toujours adoré observé les étoiles et l’immensité de l’univers. Elle avait l’impression que les étoiles observaient les hommes. Les remettants à leur place de simple fourmi. Pour une étoile qui vit des milliards d’années, la vie d’un homme n’est qu’un battement de cil. Plongée dans ses pensées, Jennifer ne se rendit pas compte du temps qui passait. 10 minutes ou 2 heures ? Elle ne le savait pas. Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua pas non plus la silhouette qui se découpait plus loin. Elle ne remarqua pas le bruit infime, mais pourtant si grand face au silence de la nuit, des pas de la personne qui approchait.

Alexandre n'avait plus envie de rire. Il avait perdu le sens de l'humour. Il avait perdu l'envie de vivre. Son sourire n'était plus là. Sa vivacité non plus. Il ne dormait plus. Il ne faisait que pleurer. Son regard avait perdu toute flamme. Il était éteint. Sans vie. Toujours dans le vide. Ses gestes étaient lent. Parfois il semblait déséquilibré. Puis il retrouvait son équilibre. Il ne parlait plus. Ou presque plus. Sa voix était abandonné de toutes émotions. On se demandait bien qu'est-ce qui avait pus faire ça. Il a envie de quoi au juste ? Pleurer. Rire ? Pleurer. Dormir ? Pleurer. Mourir ? Pleurer. Et surtout. Y arriver. Arriver à quoi ? A la faire revenir. Rien que ça. Mais il savait que maintenant il devait dormir. Il devait penser à autre chose. Il aurait besoin de toute son énergie. Son maximum. Il avait un délai d'une semaine pour réfléchir. Une semaine. Pendant tout ce temps il devait se poser la même question. Vivre ou laisser mourir. (xD) Vivre ou risquer sa vie. Essayer de la ramener ou la laisser là-bas. Puis si il décide d'essayer il a deux choix. La ramener ou la rejoindre. Mais là ce n'est pas lui qui choisit. Pas cette fois. Il revenait de sa rencontre avec James. Autrement dit. Le directeur. Qui connait son prénom. Franchement. Personne. Sauf lui. Alexandre. Pourquoi ? Parce que M.Bowmore tient à lui. Il se sont dit tant de chose. Qui connait la vie de M.Bowmore. Pas celle-là mais l'ancienne ? Personne. Pourtant Alexandre lui il sait. Il sait tout.

Le garçon était parti du bureau du directeur et s'était réfugié dans un parc jusqu'à la nuit. C'était bien sûr le parc de l'académie. Puis il était venue jusqu'ici. En skate. La nuit était calme. Pas un chat. Pas un bruit. Seul le bruit du skate cassait ce silence. Le moment où le pied d'Alex' touchait le sol arrivait tout le temps à la même intervalle. Il avançait toujours à la même vitesse depuis le temps où il était partit du parc. La nuit était fraiche mais sa veste l'empêchait d'avoir froid. Sa veste. Noire. Toute noire. Et dans le dos une tête. Une tête de mort enflammé. Drôle de veste pour un garçon comme lui. Pour un garçon qui parle aux morts. Mais bon. Soudain le silence retomba. D'un seul coup. Il venait d'arrêter son skate. Il regardait une silhouette sombre. S'approchant en marchant, il reconnut Jennifer. Alex' enleva sa veste et la tendit à Jenn'. Il lui sourit - chose rare en ces temps de tristesse - et partit faire des figures avec son skate. Il ne se souciait pas de l'obscurité.

Quelqu'un venait d'arriver à côté de Jennifer. Elle venait de s'en rendre compte. Quelqu'un qui lui était familier : Alexandre. Il lui tendit sa veste, devinant qu'elle avait un peu froid. Puis il était reparti. Faire quoi ? Jenn' n'en savait rien. La jeune femme se releva en position assise. Alexandre était juste là. Il faisait des figures avec son skate. Jennifer sourit légèrement. Elle enfila ensuite la veste et se leva. Elle marcha tranquillement jusqu'à Alexandre. Elle avançait doucement mais sûrement. Elle ne voulait pas se presser. Elle avait largement le temps. Elle s'arrêta, observant Alex' dans la faible lumière du clair de lune. Il n'avait pas l'air en forme. Pas du tout. Elle se rapprocha encore, jusqu’à être tout près. Elle ne voulait pas le brusquer. Elle ne voulait pas l’obligé à lui parler s’il n’en avait pas envie. Ce qui était très probable. Il fallait qu’elle réfléchisse à un « plan de bataille ». Alexandre n’était pas comme tous les imbéciles que Jennifer arrive à manipuler facilement. Lui, il était différent. Plusieurs minutes passèrent sans que Jennifer ne dise rien. Elle ne savait pas vraiment quoi dire de toute manière. Pourtant, elle sentait qu’il fallait qu’elle parle. La jeune femme prit une profonde inspiration et parla, d’une voix calme mais pourtant très rapidement.

« Salut. Je ne t’avais pas entendu arriver. Merci pour ta veste, t’étais pas obligé. Ca va bien ? »

C’était court. En temps normal, Jennifer serait restée dans son rôle de bavarde. Mais ce soir, ce n’était pas comme les autres jours. Maintenant Jennifer était un peu anxieuse. Elle ne savait pas trop comment allait réagir Alexandre. Elle espérait qu’il se rendrait compte que tout ce qu’elle veut, c’est l’aider. Elle attendait, à moitié cachée dans l’ombre de la nuit, la réponse d’Alexandre. La jeune femme se surprit même à fermer les yeux, chose tout à fait inutile.

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